Vendanges

Vendanges et « colles » de vendangeurs

Les vendanges « en famille » chez Lucienne et Roland Palet – Années 70

Les équipes de vendangeurs sont traditionnellement dénommées « colles ». Le nombre de personnes varie selon les circonstances, mais l’équipe de base est composée de 6 coupeurs, un videur de seaux, un ou deux porteurs et un charretier ou conducteur. La coupeuse la plus expérimentée remplit le rôle de « meneuse » et donne le rythme du travail. L’effectif peut être renforcé par un « quichaïre », en particulier dans les vignes à grosse production. 

Vendanges dans les années 1920 ; le propriétaire, au centre de l’image, fête la fin des vendanges. La famille s’est « endimanchée » pour la circonstance.

Les vendanges ne sont jamais improvisées, elles se préparent à l’avance. Les propriétaires affinent leur « colle » et recherchent le personnel manquant. Pendant les années 50 et 60, de nombreuses familles espagnoles venaient vendanger dans nos villages, accueillies par les propriétaires et logées dans des maisons annexes de leur habitation principale, souvent appelées « ramonétage ». Les ménagères font des provisions, le matériel nécessaire est passé en revue. Une quinzaine de jours avant les vendanges les comportes en bois de châtaignier sont, avant leur utilisation annuelle, mises en eau, imbibées pour que le bois gonfle afin de les rendre plus étanches, et les cercles en fer ajustés avec un outil appelé « chiasse ».
Les colles attendent le « ban des vendanges », toujours d’actualité, autorisation administrative pour commencer la récolte.

Laurent Tortosa pendant les vendanges 1925
Laurent Tortosa pendant les vendanges 1925

 

 

 

le "Grand café" qui devint en 1933 le Foyer des campagnes
Avant 1933 devant le « Grand café » on prépare activement les vendanges

La cave coopérative « les Costières de Montbazin » a été inaugurée en 1937.
Liste des Presidents de la coopérative “Les Costières de Montbazin”, de 1937 à 2006

L’équipe de la cave coopérative vers 1945-46 ; De gauche à droite : madame Combacal, Jean Rodier, x, Jean Puech, x, André Artignan, Émile Delpech, x, x, x et Roger Beauron.

déclaration de récolte de 1815 à 1959Répartition de la propriété en 1955 : les propriétaires de moins de 3 ha représentent 82 % du nombre d’exploitants et 19 % de la surface, généralement des ouvriers agricoles qui travaillent à coté quelques vignes. Ceux de 3 à 5 ha sont 9 % et ont 8 % de la surface. Ceux de 5 à 10 ha 4 % et 6 % de la superficie. Les propriétaires de plus de 10 ha sont 3 % pour une superficie de 64 %.
Ci-contre les déclarations de récolte  à Montbazin, de 1815 à 1959 (cliquer sur l’image pour l’agrandir).

La colle des vendangeurs de Lucien Rous en 1950. A gauche Augustin Delmas, Jean Gabriel, Lucien Rous, Aurélie Sanchez, Yvonne Armengo, Denise Combelasse, Albertine Imbert, Marguerite et Léon Combelasse, Josy Rous, Louise Combelasse et Lucienne Imbert.
Émile Garrigues et son mulet "Toutou" en 1950
Émile Garrigues et son mulet « Toutou » en 1950
Vendanges 1951 : x, x, Joseph Vié, Irène Bonnel, Alice Martin, Marcel Ollier, Josette Ollier
Colle Combelasse 1953 – A gauche : avec le bras sur les genoux Léon Combelasse, x, debout Lucien Charbonnier ; Au milieu : x, louis Charbonnier, Pierre Charbonnier, x ; en bas : x, Denise Charbonnier, x ; Devant accroupi : Candel, x
Colle Combelasse 1953 – En haut : Léon Combelasse, Lucien Charbonnier, x, x, Louis Charbonnier, Jean Combelasse, x, Pierre Charbonnier ; devant : Candel, x, Denise Charbonnier, x
1955 colle de la famille Ribes, à gauche Marie-Claire Puech, à droite Jacques Puech.
colle A
colle B
sémaillés C
colle D
Colle E
la vigneronne

En 1956 le « Studio Durand », photographe de Séte, effectue une tournée dans le vignoble et immortalise de nombreuses colles.

Souvenir des vendanges 1956 ; colle F
Vendanges en 1956 : Colle de Guillermo près du pont Neuf. On reconnaît entre autres André Cassan, Joseph Guillermo avec la brouette, Michel Phalippou avec le seau, Lise Pontier avec le chapeau et madame Collière.
Vendanges en 1956. A l’arrière : Léon Combelasse, Marguerite Combelasse, M. Sablier, Mme Millau, Louise Combelasse. Devant : Denise Charbonnier, Lucienne Charbonnier, Huguette Combelasse, Pierre Charbonnier, Jean Combelasse, Louis Charbonnier. A l’avant, à peine visible au milieu des souches, Paulette Charbonnier
Vendanges en 1956 : Pierre Charbonnier, Huguette Combelasse, Paulette Charbonnier, Lucienne Charbonnier, Léon Combelasse.
colle G – 1956
colle H – 1956
colle I – 1956
Vendanges 1956, x,x, Dominique Marin, x, Reine Marin, Isabelle Marin. Devant : x
colle Combelasse : x, x, Jean-Louis Combelasse, x, Lucie Combelasse, x, x, x, Lucien Charbonnier
colle Combelasse : x, Denise Charbonnier, Louise Combelasse, Germain Pousthomis, Candel, Noémie Pousthomis, x, x, Léon Combelasse ; Devant Louis Charbonnier
colle M
1957 : Jean Puech, Alice Martin, Hélène Puech, Rolande Auriol vendangent devant Puech Gayes

Vendanges en 1958 : on assiste à un progrès considérable avec la charrette à pneus, tirée par le cheval « Papillon ».
Sur la charrette conduite par Raymond Artignan, Marius Nègre et Mariano Barthes tiennent les sémaillés.

Vendanges 1958 ou 59 : Michel Phalippou, Lise Pontier, M. Guillermo, Anne-Marie Guerrero, Nicole Guillermo
Vendanges 1958 ou 59 : Michel Phalippou, Lise Pontier, Joseph Guillermo, Anne-Marie Guerrero, Nicole Guillermo, x, x
Vendanges 1960. A l’arrière  : x, Jean Puech, Mme Rousseau, Paulette Puech, x, Hélène Puech, Roger Castel, M. Rous, Alémany, Alain Vacca, Fesquet. A l’avant : Jean-François Castel, Monique Rousseau, Nelly Puech, Bruno Rous, Jean-Luc Pontier, Michel Puech
1960 : Marie-Claire Puech Venturelli, Vincent Venturelli, Paulette Puech, Jean Puech, x, Hélène Puech, x vendangent à la source. A l’arrière plan à gauche, Grémian
Vendanges chez Henri Bayle (avec la bouteille), debout à droite Marcel Garrigues -1960
Vendanges chez Henri Bayle (au centre avec la bouteille), debout à droite Marcel Garrigues -1960
André Cassan, prés de la gare d’interet local, route de Villeveyrac, apporte le fagot de sarments pour la grillade du midi de la colle Guillermo. 1960
Colle Guillermo aux Costes, 1960 : Pierre Ribes, Marie-Claude Phalippou, Daniel Guillermo, Michèle Sablier, Nicole Guillermo, x, André Cassan, nièce Sablier
Colle Guillermo – 1960 ; on reconnait Pierre Ribes, Marie-Claude Phalippou, Michèle Sablier, Nicole Guillermo
Pause déjeuner de la colle Guillermo – 1960
Aux costes – 1960
1961 : Pierrot Garrigues, Colette Garrigues (avec le quichadou), Carmen Candel, Rose Garrigues, Hélène Julien.
1965 : Mr Guillermo sort une comporte avec les sémailés
1965 : Joseph Guillermo sort une comporte en bois avec les sémaillés
Vendanges en 1965 : Léon Ceyrriès au premier plan, André Caprouge sur le plateau, les porteurs avec les semaillés  et la comporte en fer : Jean Luc et Joël Cabanne.
Vendanges 1965, colle de la famille Dupin. En arrière plan : x, Louise Chauzit, Rose Dupin, x,x,x, le 2ème assis Marcel Chauzit, x
Vendanges 1966. A l’arrière : Marcel Chauzit, Rose Dupin, Gilberte Caprouge, Marius Riu ; Premier plan : X ,Sylvie Bouissou, Léa Bouissou, X, Emile Bouissou.
La colle Guillermo avec Montbazin en arrière plan, 1967
1967 : M. Guillermo, Mme Guillermo, Mme Garrigues, Nicole et Daniel Guillermo
1967 : Joseph Guillermo, Mme Garrigues, Catherine Guillermo, Daniel et Nicole Guillermo sur le cheval, x
Madame Guillermo en 1967
Catherine Guillermo en 1967
1967 : M. Keltonne, M. Tisseire, M. Pellet, M. Guillermo, Marc Pellet, Alain Vacca sur la benne, Valentin Mané, Andrée Séverac, Nicole Vacca, Jean Pellet, Catherine Pellet, M. Pérémarty
1967 : M. Keltonne, M. Tisseire, M. Pellet, Joseph Guillermo, Jean Séverac, Marc Pellet, Alain Vacca sur la benne, Valentin Mané, Andrée Séverac, Nicole Vacca, Jean Pellet, Catherine Pellet, devant M. Pérémarty

Le raisin est cueilli par un « coupeur » (le plus souvent une coupeuse) en utilisant une serpette ou un sécateur (photo ci-dessous), pour remplir un seau en fer d’environ 8 litres.

sécateur

 

Ce seau est emporté par un « videur de seaux » pour être versé dans une comporte en bois.
Le « quichadou » sorte de masse en bois permet de comprimer le raisin et de finaliser le remplissage de la comporte en faisant « le chapeau ».
Deux « porteurs »  transportent  les comportes en utilisant des « sémaillés », leviers en bois, plus tard une brouette, jusqu’à la charrette stationnée en bordure de la vigne, qui une fois chargée est conduite à la cave par un charretier, plus tard par un tracteur.

 

Elie-Geraud-1972
Élie Géraud manie le quichadou pendant les vendanges 1972
Line-et-Françoise-1972
Line et Françoise Géraud, vendanges 1972. A l’arrière Marc Ribes
vendanges 1972 : la colle Géraud
Vendanges 1972 : la colle Géraud route de Poussan. A l’arrière : Marie Emilia, Lutegarde ; Devant : Sarah Grégory, René Pérémarty, Maïté, Josy Lassalle, Marc Ribes, Élie Géraud, Robert Géraud, Josette Géraud, sur le tracteur Marie-France Faury. Accroupi : André Lassalle
Marie Emilia, Maïté, Lutegarde, Line Géraud, Josette Géraud, Robert Géraud en 1972
Marie Emilia, Maïté, Lutegarde, Line Géraud, Josette et Robert Géraud en 1972
Vendanges 1972
Sarah Grégory, une jeune anglaise en vacances à Montbazin et René Pérémarty en 1972
vendanges 1972
Vendanges 1972 : Claude Pérémarty, René Pacaud, René Riu
Vendanges1972
Vendanges 1972 : Alha Mounir et Christiane Dubin
Georges Daudé pendant les vendanges de 1972
Robert Géraud sort les comportes avec une brouette, pendant les vendanges 1976
Élie Géraud vide les seaux dans une benne tirée par le tracteur
Philippe Caprouge "sort" une comporte, vendanges 1978
Philippe Caprouge sort les comportes, vendanges 1978
VENDANGES 1978
Vendanges 1978 : Gilberte Caprouge et sa petite fille Magali, André Caprouge, Marcel Chauzit et Louise Chauzit, au 1er plan Catherine Caprouge et le quichadou sur la comporte
Joseph Marin dit " Néné", et le dernier cheval de trait à Montbazin
Joseph Marin dit  » Néné », et le dernier cheval de trait à Montbazin ; on remarque la comporte en plastique

Des brouettes avec une roue pneumatique sont introduites dans les années 1960 pour porter les comportes, réduisant l’effectif à un seul porteur. Selon le cépage et les conditions de la récolte, les comportes contiennent entre 90 et 100 kilos de raisin. Des comportes en fer, demandant moins d’entretien, puis des comportes en plastique plus légères ont fait leur apparition vers 1970, ainsi que des seaux en plastiques. Lors de certaines périodes des hottes sont utilisées pour porter le raisin du seau du coupeur à la charrette équipée d’une benne, à l’image d’autres régions viticoles, surtout sur les sols gras, lors de fortes pluies, avec sur la charrette des « pastières en fer ». Puis des bennes tractées étroites, pouvant circuler entre les rangées des vignes, remplacent les comportes, le videur de seau vidant directement dans la benne située dans la rangée au milieu de la colle. Aujourd’hui la machine a vendanger réduit l’effectif à trois ou quatre conducteurs, un pour la machine à vendanger, les autres pour le transport de la récolte à la cave avec des tracteurs-bennes.

 

Vendanges 1985
Vendanges 1985 : Claude Amiel, x, Nadine Sbarra, Claude Pérémarty, Bruno Pérémarty, Françoise Géraud, x, Robert Géraud
Nadine Sbarra et Genéviève Pérémarty en 1985
Nadine Sbarra et Geneviève Pérémarty en 1985
Claude Pérémarty pendant les vendanges 1985

La manière de vendanger ne change pas que la vinification soit effectuée en caves particulières ou à la cave coopérative (dès 1937 à Montbazin). Le 8 novembre 1937 le conseil d’administration de la cave coopérative fixe le salaire journalier des vendanges à 34 francs et 3 litres de vin pour les hommes (videur de seau, porteur de comporte, charretier…) et celui des femmes (coupeuses) à 22 francs et 2 litres de vin. Pas de jours de repos, on vendange sept jours sur sept.

Intérieur de la cave coopérative
Sur cette photographie de vendanges prise à l’intérieur de la cave coopérative, on reconnaît de gauche à droite : Gérard Combacal, André Peremarty, x, André Durand et, au second plan, Baptiste Sanchez.

Vers les années 1980 la cave coopérative fermait le dimanche obligeant les colles à s’arrêter et seules les caves particulières pouvaient travailler.

étiquette bouteille vin
Étiquette de bouteille de vin éditée par la cave coopérative à la fin des années 1950

La vie sociale s’adapte à cette période de récolte de la monoculture dominante, le village vivant à l’heure des vendanges, l’évènement économique et humain majeur de l’année dans les villages languedociens. Le départ des « colles » à 7 heures du matin, la noria des charrettes circulant entre vigne et cave, l’odeur du raisin écrasé ne laissent planer aucun doute. Les commerces adaptent leurs horaires d’ouverture, proposent des produits particuliers pour « manger à la vigne », l’horaire des offices religieux est modifié, les enfants en âge de vendanger « manquent l’école ». Ces enfants ne font pas la rentrée scolaire et les instituteurs font plutôt des révisions en leur absence et ne commencent leur programme que lorsque la classe est complète.

Corso des vendanges 2001

Corso de vendanges

Midi Libre - 3 octobre 1999
cliquer pour agrandir l’image

Traditionnellement à la fin des vendanges chaque propriétaire offre à sa colle de vendangeurs un gouter ou le « repas des vendanges » et le village organise le traditionnel « bal des vendanges », puis ont eu lieu « les corsos des vendanges » de 1996 à 2004, photographie ci-dessus.

Article de Midi Libre du 3 octobre 1999 relatant le corso des vendanges et mettant en valeur « le petit rosé » !

Le « grapillage » consistaient après les vendanges à cueillir les grappes de raisins laissées par les vendangeurs parce qu’elles n’étaient pas mûres.

Le 22 août 1987 :
célébrations du cinquantenaire de la cave coopérative.

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2023 sur le thème du patrimoine vivant, le CRPM a mis en valeur cette mémoire  en présentant
« DE LA VIGNE ET DES HOMMES »
exposition de photographies de Paul Amouroux à la chapelle Saint Pierre,
« Matériel agricole ancien et outillage de vignerons Montbazinois »
dans la cave viticole de la famille Rous,
« Une vie de vigneron à Montbazin – 1850 à 1950 »
conférence de Stéphane Le Bras, Maître de conférences, en la chapelle Saint Pierre,
ainsi qu’une « Dictée du Patrimoine » sur un thème lié au vin.

Une « vendange scolaire » des élèves de deux classes des écoles Montbazinoises (CE2 et CM2), dans une vigne au Mas de Thérèse, a été également organisée pour cette circonstance (Ci dessous).

Ci dessous : Vendanges manuelles et vinification en cave particulière en 2023 – photographies Paul Amouroux

Les deux cépages qui ont émergé depuis 1850, le Carignan (essentiellement cultivé en Languedoc et originaire d’Espagne, d’où son autre appellation de Plan d’Espagne) pour le degré et l’Aramon pour la quantité, sont progressivement rejoints depuis les années 1970 par Cinsault, Grenache blanc, gris, ou noir, Alicante Bouschet, Chardonnay, Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah… dans une démarche d’amélioration qualitative toujours approfondie.

Cinsault – Affiche collection Vialettes

« Les raisins de la colère » extrait pdf de L’Hérault Heureux, de Gilbert Lhubac (1958-2017) : « des chroniques d’autrefois qui nous permettent d’évoquer une enfance heureuse dans un village… où nous nous connaissions tous ! ». Éditions Le Papillon Rouge

Nous vous invitons à nous communiquer des photos de vendanges à Montbazin et à nous aider à identifier les Montbazinois qui y figurent et l’année de la photographie. Cette page s’enrichira de vos contributions pour lesquelles nous vous remercions par avance. Nous contacter pour apporter votre contribution (photos, précisions…)
Si vous ne souhaitez pas être identifié sur une photo, signalez-nous la photo concernée, en nous indiquant avec précision quelle est votre place sur cette photo, afin que nous puissions flouter votre visage.

Retour sur la Mémoire des Hommes de Montbazin