Brassens, de Sète à Montbazin
A l’occasion du centenaire de la naissance de Georges Brassens à Sète, des montbazinois se sont souvenus de ses (rares) passages à Montbazin, où il avait des relations et a même vendangé lorsqu’il était collégien !
Nana raconte la visite de Georges à Montbazin
« Oh, moi, j’y suis pas allée ! Et pourtant j’aurais aimé, parce que j’étais invitée à l’apéritif chez P. mais qu’est ce que vous croyez, ce petit là, il m’a fait une méchante diarrhée ! ça je m’en souviens ! J’ai pas pu y aller. »
C’était Josette qui l’avait invité, enfin pas lui mais une amie à lui qui était en vacances ; une fille d’ici mais qui faisait du théâtre à Paris. De passage à Sète pour lui dire bonjour elle lui a dit : « Je peux pas rester, je suis invitée à dîner à Montbazin »
« Montbazin, il a dit, j’aimerais y retourner ; j’y ai fait les vendanges quand j’étais jeune, chez le père d’un copain et je crois bien que j’y suis jamais retourné ». « Alors viens » elle lui a dit et c’est comme ça qu’il est venu.
Après cet apéro chez P. où je suis pas allée à cause de la diarrhée du petit, il devait dîner chez Josette mais il s’est pas senti bien, il était déjà malade, c’était en 70 et il est reparti à Sète. Josette, qui avait préparé du melon parce qu’il aimait beaucoup ça, a dû en manger la semaine !
En 2021 l’Aquarium café associatif, la chorale « Les Ans Chanteurs », le Cercle de Recherches sur le Patrimoine de Montbazin, les Zarzélés, le Montbazar Band et les groupes de musique de la MJC, ont souhaité rendre hommage au grand poète ; Avec le soutien de Sète Agglopole Méditerranée et de la mairie de Montbazin, ils ont recueilli témoignages, souvenirs, objets évoquant l’auteur-compositeur-interprète, organisé des ateliers d’écriture, une exposition, un concert « cabaret Brassens » !
Michel Puech est venu enrichir cette joyeuse fête d’anniversaire de ses peintures, reproduites ici avec son aimable autorisation.
Le petit cheval blanc
C’est en entrouvrant la lourde porte de bois de la Chapelle que Georges, qui arpentait les rues du village après une journée où il s’était harassé à cueillir le raisin, a aperçu le corbillard qui y était remisé. Oui à cette époque la belle chapelle du XIème siècle,aux fresques inestimables, était un véritable dépotoir : aux côtés de la tinette qui avait récolté les urines et autres déjections des habitants, était remisé le corbillard dont les flancs de bois vernis devaient briller dans l’obscurité des voûtes séculaires. C’est en sortant de cette obscurité que Georges aperçut dans un pré du voisinage un petit cheval blanc.
Quelques années plus tard lui revinrent en mémoire l’image du corbillard et du petit cheval et il les réunit, mettant en musique le texte de Paul Fort nous invitant à courir derrière dans le beau temps comme dans le mauvais.
Mémoire d’un Sétois
Bien sûr que je l’ai connu !
Je suis de Sète et j’habitais près de chez lui, deux rues en dessous, je crois.
J’étais minot, 7 ans je crois, mais quand j’étais sur le balcon, il passait avec des garçons et ils faisaient pas mal de bruit.
J’essayais toujours de les voir mais ma mère se précipitait et à chaque coup elle m’envoyait une de ses claques sur la tête et me criait : « C’est des vauriens ! » Et toujours j’ai eu envie d’aller dans la rue avec lui et ses amis, mais fallait pas ; Elle était italienne vous savez, et sa mère à lui aussi, et elle disait que tous ces garçons c’était la honte !
« Et ne t’avise pas de leur dire bonjour en passant, sinon tu le regretteras. »
Et jamais je suis descendu. Aujourd’hui qu’on en parle tant, je regrette… mais quand on est enfant, on obéit à ses parents !
Rencontre
C’est la première fois que mon père m’autorisait à assister à un spectacle le soir, spectacle organisé au théâtre de la ville par la corpo des étudiants : ils avaient invité Georges Brassens !
Le spectacle avait été magnifique mais je crois bien qu’à l’époque je n’avais pas compris toujours tous les mots que j’entendais : le Blason par exemple.
Mais ce dont je me souviens avec précision ce sont les moments qui ont suivi le concert : les étudiants avaient organisé dans la salle à l’arrière de la scène une réception pour Brassens et ses deux musiciens et pour le remercier ils ont voulu se mettre au diapason et ont entonné les seules chansons qu’ils connaissaient, pas les refrains de ses chansons à lui, mais celles de leur répertoire à eux :
à « Une petite fleur » ils ont opposé « Branle Charlotte » et à « Un petit coin de parapluie » « les filles de Camaret », « le Gorille » leur permettant toutes les audaces… ils y mettaient toute leur énergie.
Et lui, pendant ce temps, tirant sur sa pipe éteinte, semblait vouloir échapper à ces voix qui débitaient des propos salaces croyant faire écho à sa poésie. Pas de mépris de sa part mais je crois une grande tristesse, une petite déception. Il regardait par la fenêtre la nuit…
Textes créés lors des ateliers d’écriture à Montbazin pendant l’été 2021
Sur les traces de Georges Brassens
Les croquantes et les croquants
Retour sur la mémoire des Hommes de Montbazin