Eugène Montel
C’est un peu par hasard que nous avons découvert la biographie d’Eugène Montel, un montbazinois qui a pourtant traversé, en tant qu’acteur ou témoin, des épisodes importants de notre histoire récente, de part son amitié portée à deux personnages de premier plan de son époque : Léon Blum et Vincent Auriol.
MONTEL Eugène, Georges, Léopold, Sully
Né le 5 juin 1885 à Montbazin et décédé le 21 janvier 1966 à Colomiers (Haute-Garonne)
Biographie établie par le site de l’Assemblée Nationale :
Né dans l’Hérault le 5 juin 1885, Eugène Montel devient instituteur dans le département voisin de l’Aude, et exerce à Carcassonne puis à Narbonne. Il est bientôt la cheville ouvrière de l’implantation de la SFIO dans le département, qui est alors un fief radical. Après ses classes, ses élèves le voient souvent partir à bicyclette pour organiser des réunions dans toute la région. D’origine protestante, Eugène Montel appartient à la loge maçonnique locale ; il devient aussi membre de la Ligue des droits de l’homme.
Conseiller général de l’Aude de 1922 à 1940, puis conseiller municipal de Narbonne, il envisage un moment de briguer la députation en 1929, à la faveur d’une élection partielle provoquée par le décès de son ami Yvan Pélissier, élu socialiste de la première circonscription de cette ville. Mais par discipline partisane il s’efface devant Léon Blum, battu par Jacques Duclos dans la Seine en 1928, et qui retrouve ainsi un siège au Palais Bourbon.
Il retente sa chance en 1932 dans la circonscription de Lézignan, où il avait déjà été battu en 1928, mais le notable radical Léon Castel parvient à se maintenir. Eugène Montel crée alors un hebdomadaire du dimanche, Le Populaire des Corbières. Il est élu, en 1935, conseiller municipal de Narbonne, et il est l’un des artisans du Front Populaire dans le Narbonnais ; pendant un an, il est attaché au cabinet de Léon Blum à Paris.
Lorsque survient la guerre, Eugène Montel se retire à Colomiers, dans la banlieue de Toulouse, où il participe à la reconstitution clandestine de la SFIO. Arrêté en 1941, interné en Ardèche, il s’évade en 1944 et prend une part active à la Résistance comme membre du mouvement « Libérer et fédérer ». Il sera fait chevalier de la Légion d’honneur et sera décoré de la rosette de la Résistance.
A la Libération, Eugène Montel s’engage entièrement dans sa carrière politique. En 1945, il est élu maire de Colomiers, conseiller général de Haute-Garonne (canton de Toulouse – ouest) et président du Conseil général. Il se présente également aux élections de l’Assemblée constituante d’octobre 1945, mais sans succès : il n’est que cinquième sur la liste de la SFIO conduite par son ami Vincent Auriol, qui obtient deux mandats seulement. Cette situation se reproduit à l’identique le 2 juin 1946 (élections à la seconde Assemblée nationale constituante) ainsi que le 10 novembre 1946 (premières législatives).
Le 17 juin 1951, en revanche, la candidature d’Eugène Montel aux élections législatives est couronnée de succès, d’abord parce qu’il est second sur la liste SFIO emmenée par Achille Auban, ensuite parce que la loi sur les apparentements permet au groupement constitué en Haute-Garonne entre les listes de la troisième force (MRP, RGR, radicale-socialiste et UDSR, et SFIO) d’obtenir tous les mandats en jeu, en vertu de sa majorité absolue de 134 881 des 228 534 suffrages exprimés. De sorte que la SFIO (22,7 %) obtient trois sièges alors que le parti communiste (24 %) n’en obtient pas, et que le MRP (10,5 %) en obtient un alors que le RPF (12,9 %) ne réussit pas sa percée dans le département.
Enfin député, Eugène Montel se voit nommé membre de plusieurs commissions : celle de la défense nationale, celle des moyens de communication et du tourisme, et celle de la production industrielle. Cette dernière commission le désigne pour faire partie de la sous-Commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des entreprises industrielles nationalisées et des sociétés d’économie mixte, ainsi que de la sous-Commission chargée d’évaluer la mise en œuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme de relèvement.
Au cours de cette législature, Eugène Montel dépose deux propositions de résolution tendant, pour l’une, à inviter le Gouvernement à accorder une aide aux populations victimes des calamités atmosphériques de mai à novembre 1951, et pour l’autre, à l’inciter à maintenir en activité les mines et usines de Salsigne dans l’Aude. Il dépose sur cette dernière question, le 18 février 1954, un rapport au nom de la Commission de la production industrielle.
Eugène Montel intervient à plusieurs reprises à la tribune de l’Assemblée, notamment sur les problèmes de construction aéronautique (avions Armagnac en 1952, accroissement des crédits des bureaux d’étude du Sud-Est en 1954), le personnel des cartoucheries, la recherche agronomique, l’éducation nationale (demande de subventions pour l’établissement de stades municipaux), et l’aménagement du territoire (Faculté des sciences de Toulouse).
Lors de ses premiers votes de député, Eugène Montel s’oppose avec son groupe à la loi Barangé – Marie sur la question de l’école libre, qui divise la Troisième force d’entrée de jeu, le 21 septembre 1951. Il soutient le projet de communauté européenne du charbon et de l’acier (13 décembre 1951). Il refuse successivement de voter la confiance à Antoine Pinay, le 6 mars 1952, et à Joseph Laniel, le 26 juin 1953. S’il vote en faveur de l’investiture de Pierre Mendès France, le 17 juin 1954, il lui retire cependant sa confiance le 4 février 1955, le jour où le Président du Conseil doit abandonner son poste. Il se prononce pour la question préalable opposée par Edouard Herriot et le Général Aumeran à la discussion de la ratification de la CED (Communauté Européenne de Défense) le 30 août 1954, vote équivalent au rejet du traité. Par la suite, Eugène Montel vote en faveur des accords de Londres qui mettent un terme à l’occupation de l’Allemagne, le 12 octobre 1954, mais il s’oppose en vain, le 29 décembre, à la ratification des accords de Paris, qui permettent le réarmement de la RFA et son entrée dans l’OTAN. Enfin, le 23 février 1955, il vote contre la confiance à Edgar Faure, qui l’obtient néanmoins, mais qui échoue lorsque Eugène Montel et la majorité de ses pairs la lui refusent le 29 novembre 1955.
Aux élections du 2 janvier 1956, Eugène Montel, à nouveau second derrière Achille Auban, est réélu par ses concitoyens de Haute-Garonne qui accordent 21,8 % de leurs suffrages au parti socialiste, tandis que le parti communiste récupère ses deux mandats perdus en 1951.
De retour au Palais-Bourbon, Eugène Montel retrouve la Commission des moyens de communication et du tourisme et surtout celle de la production industrielle et de l’énergie, dont il est nommé président en octobre 1957. Il est aussi nommé membre de la Haute Commission de l’organisation commune des régions sahariennes, et juge suppléant de la Haute Cour de Justice constitutionnelle.
S’il n’intervient pas devant ses pairs lors de cette législature, le député de la Haute-Garonne dépose, le 26 juin 1957, une proposition de résolution tendant à dégager des crédits destinés à réparer les graves dommages causés aux ouvrages, aux biens, et, en particulier, aux cultures et aux terres par les orages successifs qui ont détruit les récoltes et endommagé les immeubles dans diverses parties de la France. Le même jour, il suggère la création d’une Caisse nationale de secours en faveur des victimes des calamités agricoles.
Eugène Montel accorde sa confiance au gouvernement Guy Mollet (31 janvier 1956), ainsi qu’à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957). Il vote pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la communauté européenne de l’énergie atomique (9 juillet 1957) ; il accorde au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 novembre 1957. Lors de la crise qui emporte la Quatrième République, il vote pour l’investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), mais contre la révision de la Constitution (27 mai 1958). Il refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin ; le lendemain, il refuse également de lui accorder les pleins pouvoirs.
Constamment réélu jusqu’à son décès en 1966, il joue un rôle important dans la vocation aéronautique de sa commune dont il confie le développement à son adjoint et successeur Alex Raymond. Il soutient la construction de logements sociaux. Ses contacts politiques et industriels lui permettent alors de lancer à 73 ans un projet de ville nouvelle, planifié par l’architecte Viguier prévoyant pour sa commune alors rurale de passer de 3 500 habitants à 40 000.
Eugène Montel décède le 21 janvier 1966 à Colomiers.
Au printemps 2006, P-Y Schanen et F Jouve lui consacre l’article Le Fidèle Montel dans « Autour de Léon Blum, Cercles et réseaux », Cahiers Léon Blum, n° 35.
Le lycée professionnel de Colomiers porte son nom.
A l’occasion des 40 ans du lycée Eugène Montel, en 2007, les élèves de Terminale ont réalisé cette biographie : « Eugène Montel ou la citoyenneté appliquée » en appuyant leurs recherches sur des documents issus des archives de l’Aude (Narbonne et Carcassonne), de la Dépêche du Midi, sur des témoignages (petit-fils, fille de la gouvernante de Montel) et sur des photos archivées à la mairie de Colomiers (qui sont reproduites çi-dessus).
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