Moulin de Juffet

Le moulin de Juffet

Le moulin a retrouvé ses ailes et son activité en 2022

La construction du moulin de Juffet remonterait au XVème siècle et celui-ci aurait appartenu aux évêques de Maguelone, anciens propriétaires de la chapelle Saint Pierre. Connu sous le nom de Jeffet jusqu’au XVIIIème siècle, le moulin à vent semble avoir été construit pour moudre le blé produit localement. Des écrits de 1629 attestent du fonctionnement du moulin à cette époque. D’autres traces sporadiques montrent que l’activité du moulin a été régulière et soutenue au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, et occupait une place importante dans la vie sociale des villages de Montbazin et Gigean.
Juffet n’était pas le seul moulin de Montbazin. A Juffet existait aussi un moulin à eau au bord de la Vène. La seconde guerre mondiale a eu raison des derniers vestiges qui ont maintenant disparu.

 

Dans un document écrit par M. André CABLAT (La Peyrade), un paragraphe décrit le moulin de Juffet :

« Au rez-de-chaussée, le logement du meunier.
Pour accéder au 1er, il fallait emprunter une échelle extérieure.
Le premier étage constituait la pièce où se pratiquait le blutage et la réception de la farine.
Au deuxième étage était logé l’appareillage sous un toit conique en bois.
La construction primitive du XVème siècle, qui appartenait à l’évêque de Maguelone,
a été plusieurs fois remaniée, ce dont témoigne diverses reprises de maçonnerie.»

Il est probable que la révolution industrielle ait contribué à son abandon progressif vers 1850.

Des cartes établies dans la première moitié du XIXème siècle prouvent l’existence sur le site de Juffet de deux moulins, un à eau sur le cours de la Vène en contrebas, l’autre à vent.

Carte de Cassini – 1818

 Voici quelques traces dans les archives communales et départementales :

1629 : « Il n’est pas raisonnable que les habitants de Gigean viennent moudre leur blé au moulin de Juffet à cause de la contagion » (épidémie de peste de 1629 à 1631).
1668 : le 18 septembre, décès de Jean­ Pierre Trébulon, ayant été « tué à demi » par une branche du moulin de Juffet (tel que transcrit dans les archives communales).
1677 : Construction d’un moulin. Madame de Raffin donne à construire à Maître Jacques, meunier et charpentier, un moulin à Juffet.
Le moulin de Veilhe est donné en arrentement (perception d’une rente)
par la propriétaire Madame Tavernier à Pierre Mandre, de Villeveyrac.
1687 : Relevé et dénombrement des biens de la communauté. Un pont au moulin de Veilhe situé à Gavauda avec son aire de battage, un autre au moulin de Fabre face au chemin de Gignac prés de la rivière, le moulin Dupin sur la rivière prés du passage de la terrasse plus un dernier moulin à eau à Juffet.
Trois autres moulins à vent sont signalés. Un sur Puech­ Gayès, un autre près de l’ancien terrain communal (terrain de football) avec son aire de battage, enfin un dernier sur le terrain de Juffet (encore existant aujourd’hui). Soit sept moulins répertoriés sur le village.
Il faut toutefois signaler que nos voisins de Gigean utilisent volontiers celui de Montbazin plutôt que celui de Frescaly (Issanka) et que ceux de Cournonsec préfèrent celui de Grémian.

1720 : Conseil de santé (prévention de la peste). Il est convenu d’isoler par un mur de 2,40 m de haut les différents moulins. De plus il est interdit de sortir du blé du village (Cordon sanitaire et douanier important).
1729 : Vente au Sieur Jean, premier consul des meules et de la maison du moulin de Veilhe. L’argent ainsi collecté sera utilisé pour aménager la chapelle de la communauté. (Les trois meules sont encore visibles sur la capitelle de Gavauda).
1750 : Le seigneur expose qu’il désire recevoir les usages de deux pièces de terre dont la communauté jouit : un moulin blavier (1) avec un champ situé au pont Garrel appelé le moulin David.
(1) Moulin Blavier. Il faut lire Moulin bladier : propre au blé

1763 : L’aménagement du chemin de Gigean couterait 5000 Livres. Le conseil souhaite que nos voisins qui utilisent ce chemin pour aller au moulin de Juffet participent à hauteur de un à deux cinquièmes.

1808 : On retrouve un écrit attestant que « à Montbazin, 2 moulins produisent 10.000 litres d’huile d’olive »
1813 : Il y a sur le village : Pour le grain un moulin à vent et un moulin à eau « qui travaillent peu » car les habitants vont moudre à l’Hérault. Pour l’huile un moulin qui « ne travaille aussi que très peu ».
1838 : Courrier de Vialla propriétaire du moulin de Juffet prouvant ainsi que le moulin en ce début du 19ème siècle est encore en activité. Les habitants de Gigean se plaignent de la mauvaise qualité de la farine (22 balles avariées sont saisies).

plan du barrage de Juffet
plan du barrage de Juffet

1908 : Conflit entre la mairie et le marquis de Lastie, proprié­taire du moulin de Juffet. La communauté souhaite faire démolir le barrage servant à arrêter les eaux qui alimentaient le moulin, ce barrage favorisant, aux dires de la population, les inondations au village. De Lastie signale que son grand père en était propriétaire depuis 1830 et qu’un barrage figure bien sur le plan cadastral de 1813. L’usine était construite antérieurement aux lois abolitives de la féodalité et à la loi des 12 et 20 aout 1790. L’ingénieur en chef déboute la commune mais oblige le propriétaire à creuser dans le barrage un pertuis (exutoire). Passant outre, Hyppolite Arnaud maire du village décide de détruire le barrage.

Le 5 décembre 1914 l’article de l’Éclair ci-contre signale « L’arrivée dans le village venant de Montpellier par le train d’un convoi de réfugiés belges ; Il se compose d’une vingtaine de personnes dont une seule famille comprend neuf membres : le père, la mère et sept enfants. (Le père décèdera à Montbazin en 1916).

Ils parlent tous la langue flamande. L’aspect de ces malheureuses gens, chassés de leur pays en butte à des privations de toutes sortes était des plus navrants.
Sur le quai de la gare, M. le maire et la commission extra-municipale instituée dès le début de la mobilisation, ont pris à cœur de résoudre les difficultés matérielles. Nous avons également remarqué la présence des dévouées présidentes des ouvroirs entourées d’une très nombreuse délégation de leurs zélées collaboratrices ».

Ces réfugiés ont été pris en charge au moulin de Juffet par la Marquise de Lastie, qui en est propriétaire.

En 1940 il y avait encore deux moulins dans la commune : un à eau, au bord de la Vène et un à vent. Le moulin à eau, rempli de munitions par les Allemands, a explosé et secoué tout le voisinage. Le bâti du moulin à vent, tout proche, a résisté au souffle de l’explosion.
Une dalle de béton a été posée au niveau du chemin de rotation, juste après guerre, afin de protéger le gros œuvre du moulin, ce qui lui a permis de rester intact.

La très belle rénovation du Moulin, sélectionnée par le Loto du Patrimoine en 2019, a été inaugurée le 25 juin 2022.
Conduite par l’association Forum de Montbazin avec des financement publics et privés elle a permis la reprise de l’activité meunière.
Une plaquette téléchargeable éditée par le Forum de Montbazin présente l’histoire des moulins de Montbazin.

Le moulin en 2016, avant sa restauration

Autres éléments du patrimoine bâti et naturel du village de Montbazin