Saint-Julien d’Antonègre
Dans le prolongement des garrigues d’Aumelas, mais sur le territoire de Montbazin, le hameau d’Antonègre perpétue une tradition pastorale millénaire.
L’église Saint-Julien est bâtie sur le rebord d’une colline que domine, à l’ouest, la montagne de la Moure qui marquait autrefois les confins des diocèses d’Agde, de Béziers et de Maguelone.
Une bergerie récente a été construite sur l’emplacement de la nef. Seules, subsistent encore l’abside semi-circulaire en cul-de-four, et la travée de chœur, utilisée aujourd’hui pour l’agnelage.
Des contreforts extérieurs enserrent la construction de cette église « avec rappel de chœur », c’est à dire une église qui à défaut de chœur, présente un ressaut intercalaire entre l’abside et la nef. La toiture a été surélevée.
Ces vestiges font regretter la ruine de cette église verte du diocèse de Maguelone, dont la construction avait été très élaborée. Les parements sont soigneusement assemblés en pierre de moyen appareil extraites des bancs de calcaire de la garrigue. La corniche extérieure, en partie conservée, est soutenue tous les 55 cm par des mordillons, tantôt seulement épannelés, tantôt sculptés de têtes de ruminants.
Une baie axiale a été élégamment réalisée avec un double rouleau à l’extérieur et à l’intérieur. Un double rouleau caractérise également l’arc absidial. Enfin la présence d’une niche très haute et très profonde empâtée dans le mur sud de la travée de chœur ajoute au mystère de cet édifice insolite.
Vraisemblablement bâtie sur un domaine gallo-romain, Saint Julien d’Antonègre est mentionnée pour le première fois en 1122 dans le cartulaire d’Aniane : Sancie, fille de Guillaume V de Montpellier, donne à l’abbé Pierre Raymond de Cals, un domaine agricole dans la paroisse de Saint-Julien d’Antonègre « Parrochia St Juliani de Antonegre ».
Cette église qui devint paroisse en 1144 est encore citée dans une charte de Saint-Marc du Vignogoul en 1173, dans une charte des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem de 1176 et dans le cartulaire de Maguelone en 1181.
12 mai 1644, séparation du terroir d’Antonègre. Les habitants devront payer 1000 livres à la communauté. Le premier bornage avec Montbazin eut lieu le 23 avril 1651 (un litige entre les habitants d’Antonègre, qui étaient protestants, et la communauté Montbazinoise empêcha cette partition en 1648).
Encore en activité au XVIe siècle, elle est déclarée en ruine en 1658 à l’occasion de la visite pastorale de l’évêque.
A proximité de l’église Saint-Julien se trouve l’habitat paléolithique de la grotte d’Antonègre, fouillée par Jean-Marie Thomas, où l’on trouva des pointes de flèche, des grattoirs en silex, typiques de l’époque néandertalienne et des témoins de la faune quaternaire, dont plusieurs spécimens sont présentés dans la chapelle Saint-Pierre.
Rapport proposant la mention de l’ancienne église de Saint-Julien d’Antonègre au Casier Archéologique pour l’élévation extérieure de l’abside – 1951
« Églises romanes oubliées du bas-Languedoc » – Pierre A. Clément, Presses du Languedoc.